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The Terror

Deux vaisseaux de la marine anglaise affrontent les glaces de l’arctique en quête d’un passage vers l’Asie. Nous sommes en 1845 et l’expédition Franklin traque cette nouvelle route qui permettrait de rapprocher l’Inde et la Chine de la puissance britannique. Le HMS Erebus et le HMS Terror s’engagent alors dans le détroit de Lancaster avec 129 membres d’équipage. Pour disparaître à jamais. Voilà une histoire idéale pour sonder l’âme de l’être humain, pour évoquer son douloureux rapport à la mort et sa quête éternelle de nouveaux horizons.


En 2007, l’écrivain Dan Simmons imagine le sort de cette expédition dans son roman The Terror adapté aujourd’hui pour AMC (Mad Men, Breaking bad) par la scénariste David Kajganich et le producteur Soo Hugh. Emmenée par Ciaran Hinds et Tobias Menzies (Les César et Brutus de la série Rome) accompagnés par l’excellent Jared Harris, la série composée de 10 épisodes nous convie à partager les derniers jours de ces marins prisonniers d’un hiver sans fin, abritant une créature impitoyable issue de la mythologique Inuit. Tuunbaq, ce gigantesque ours blanc à visage humain, invite le fantastique dans l’aventure et permet à coup sûr d’appâter le chaland, mais ne représente en fin de compte qu’un simple catalyseur d’action. La terreur promise est ailleurs.


Si le pitch semble lorgner du côté de The Thing de John Carpenter ou des Montagnes Hallucinées de Lovecraft, l’ensemble rappelle finalement plus les grands films d’explorations tels que Aguirre, la colère de Dieu de Werner Herzog : ces hommes immobilisés par la banquise affrontent le froid, l’ennui, la malnutrition avant que les maladies ne se déclarent et que la folie ne les emporte. The Terror scrute l’obscurité de nos âmes, lorsque l’instinct de survie se retrouve durement mis à l’épreuve. Et le mystérieux Tuunbaq n’est finalement pas le plus dangereux prédateur de ces pauvres âmes condamnées à disparaître.


Une telle aventure ne se contente pas de remuer les ténèbres que nous voulons dissimuler, elle nous plante face à notre plus grande peur. C’est avec son personnage principal, le capitaine Francis Crozier, interprété par Jared Harris, que la série tente de nous libérer du poids de la Mort. Ce spécialiste des mers, aux principes rigides et aux failles évidentes, s’entête à vouloir sauver chaque tête de son cheptel, quitte à mettre en péril des survivants mal en point. Cette intransigeance sera l’une des principales causes du schisme des équipages et à l’essor de l’inquiétant M. Hickey. Les Inuits, encore eux, lui apprendront dans un ultime épisode rempli de révélations le sens de l’expression « lâcher prise ». Mais il sera déjà trop tard.



En ramenant constamment le point de vue du spectateur à celui des Inuits, The Terror offre également un regard peu commun à notre insatiable besoin d’explorer. À l’heure où nos yeux se tournent à nouveau vers les étoiles, l’échec de l’expédition Franklin semble relativiser l’importance de tels projets. Ses quêtes justifient-elles de si grands sacrifices ? Sont-elles seulement nécessaires ? Le capitaine Crozier livrera ces derniers mots, prononcés par un chef Inuit, aux secours arrivant trop tard : « Tell those who come after us not to stay. The ships are gone. There’s no way through. No passage. Tell them we are gone. Dead and gone. » Cette réplique clôt la première séquence de la série. Il ne vous reste alors plus qu’à succomber à ce terrifiant cauchemar.


Entre 2014 et 2016, c’est-à-dire après l’écriture du livre, les épaves du Terror et de l’Erebus, ainsi que quelques squelettes furent retrouvés. Les scientifiques ayant étudié ces vestiges de l’expédition Franklin semblent valider le déroulement de la série. Au Tuunbaq près. Ce qui fait quand même froid dans le dos.


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